VOYAGER ?

Voyager a toujours signifié pour moi aller voir la famille, en Guadeloupe. Là-bas, peu importe les complexités familiales et identitaires en jeu, je n'ai jamais été un touriste. C'était sans cesse répété : j'étais chez moi. C'est là-bas aussi, enfant, que j'ai développé ce regard de fascination et de dégout pour les touristes, ces versions modernes à peine maquillées des colonialistes toujours présentEs et des "expats" néo-colons. En dehors de la Guadeloupe, je n'ai jamais vraiment désiré "voyager". Se projeter dans un lieu, dans un espace sans savoir ce que je vais y faire politiquement ou affectivement n'est pas une envie spontanée chez moi. Parce que pour moi la culture du tourisme est une culture de prédation, émanant directement de la culture occidentale de la Découverte. Et puis, la base c'est que j'ai beau ne pas être du tout attaché à la France, le pays que j'habite, je vis très mal psychologiquement les phénomènes de dépaysement.

Donc à chaque fois que j'arrivais à réunir l'argent pour un billet je partais dans ma famille, en Guadeloupe. A part, ça je suis allé en 1995 à New-York. C'est donc presque 20 ans plus tard que j'ai reposé les pieds aux États-Unis ; à Oakland, cette fois-ci. Entre-temps : peu de voyages, peu de frontières passées... à part de fréquentes incursions en Belgique. Et pas de séjours touristiques...

Ce qui m'a amené à Oakland en Août 2014, sur la côte Ouest, dans la Bay Area? C'est l'amour. Pour l'amie qui y vit et m'a proposé de m'accueillir. L'amour pour des militantEs déjà croisées en ligne et qui traçaient des chemins qui nous inspiraient dans Cases Rebelles. L'amour pour cette richesse militante historique locale, cet héritage... ces héritages : les Black Panthers, les luttes handies, les luttes queers, et plein d 'autres encore... Et bien entendu l'amour de découvrir, partager, au sein du collectif Cases Rebelles.

J'ai trouvé beaucoup : de personnes, de lieux, d'occasions, pour réfléchir, sans idéaliser, sans dupliquer, sans fantasmer. J'ai trouvé aussi beaucoup de curiosité pour ce que j'étais, pour ce que ça pouvait être d'être noirE en France : j'ai partagé - vous pouvez vous en douter - mon enthousiasme sans limites... J'ai trouvé énormément de soutien.

Cette collecte de la Bay Area est dédicacée à la bonté, la beauté de ces sœurs et frères qui ont partagé un peu de leur temps avec moi et ont su y faire circuler tant d'amour. Je ne suis toujours pas un voyageur, un touriste... mais à chaque fois que ce sera nécessaire et possible j'irai chercher, pour moi-même, pour Cases Rebelles et je l'espère aussi pour d'autres, ces trésors d'amour diasporique. Même si la prochaine se fait dans 10 ou 20 ans.

M.L. – Cases Rebelles ( Août 2015)

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