« La force c’est de faire ensemble » : tou.te.s à Beaumont le 20 juillet pour la Marche Adama III !

Publié en Catégorie: POLICES & PRISONS

Aujourd’hui nous célébrons une grande nouvelle : la libération de Youssouf ! L’un des frères Traoré visés par la répression contre la famille Traoré, depuis le début de leur combat pour la vérité sur la mort d’Adama aux mains des gendarmes le 19 juillet 2016 et pour la justice. Pour les 3 ans de ce combat, la famille Traoré et le Comité Adama appellent à une grande marche à Beaumont le 20 juillet prochain. Depuis trois ans nous soutenons leur lutte et nous appelons cette année encore à rejoindre la Marche Adama III. Il est impératif que nous soyons aux côtés de la famille Traoré et du Comité Adama, pour marcher en mémoire d’Adama et toutes les victimes de  la violence d’État. Plus que jamais, iels ont besoin de nous, pour résister à ce qu’Assa nomme « la machine de guerre » du système judiciaire et policier, à la fabrique de l’impunité et à la criminalisation des frères Traoré. Pour le Combat Adama qui n’hésite jamais à donner de sa force, à être de toutes les luttes et à s’en faire porte-voix, qui bâtit inlassablement des ponts et multiplie les alliances, répondons nous aussi présente.s samedi prochain et faisons écho à leur exigence de justice et de vérité! Soyons nombreux.ses. le 20 juillet 2019 à Beaumont-sur-Oise, pour la Marche Adama III! (rdv à partir de 14h30, à la Gare de Persan-Beaumont.)
Dans un court entretien ici, Assa Traoré revient sur les derniers avancements du Combat Adama, sur la préparation du procès à venir de Bagui et bien entendu sur la toute prochaine Marche Adama III.

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CASES REBELLES : Peux-tu revenir sur les principaux avancements depuis la marche l’année dernière ?

ASSA TRAORÉ : La dernière expertise sortie le 14 septembre 2018 disait qu’Adama était mort de drépanocytose et parce qu’il avait couru 480m, et qu’il avait un cœur d’athlète, et qu’il n’est pas mort de crise cardiaque, qu’il n’est pas mort d’infection très grave. Suite à ça, on porte plainte contre la médecin Caroline Rambaud1 qui avait dit qu’Adama était malade alors que c’est faux. Ensuite en novembre 2018, lorsque les juges vont entendre les gendarmes, elles vont orienter les questions ; elles ne vont poser aucune question sur les violences et ne poser des questions que sur la non-assistance à personne en danger. Puis on va demander aux juges de faire une expertise qu’elles vont refuser à la mi-février 2019. On va nous-même financer la dernière, qui va sortir en mars 2019 et dire qu’Adama Traoré n’est mort d’aucune maladie, mais qu’il est bien mort asphyxié suite au contrôle des gendarmes. Les juges voulaient fermer l’affaire le matin, l’après-midi notre avocat Yassine Bouzrou met cette expertise dans le dossier : l’affaire est relancée. Au mois d’avril, les juges annoncent qu’elles vont faire une nouvelle expertise. On pense que soit elles jouent encore le temps comme elles le font depuis trois ans, soit elles ne veulent pas faire perdre la face à leurs experts et nous dire : « Nous aussi on peut avoir des experts qui fondent de vraies conclusions. »

Qu’est-ce que vous attendez du prochain rendez-vous avec les juges ? [ndlr : l’interview date du 12 juillet.]

La rencontre devait avoir lieu le 19 juillet. Ils ont changé la date, ils n’ont pas assumé. Ils ont dit que c’est le jour de la mort d’Adama et qu’ils ne se voient pas nous convoquer ce jour-là. Donc la rencontre aura lieu le lundi 15 .
On a fait une action le 3 juillet dernier au tribunal pour qu’elles nous rendent des comptes et qu’on puisse les voir. Et surtout on pense qu’elles n’arrivent pas à trouver d’experts, de faux experts, des experts pour faire des fausses expertises, parce que les experts qui ont fait la dernière, ce sont de vrais grands médecins. Donc là nous avons rendez-vous lundi 15, et là on saura ce qu’elles vont nous dire et ce qui va ressortir. On attend d’elles qu’elles rendent justice, tous les éléments sont là pour que les gendarmes soient mis en examen et pour qu’on aille en procès ; et qu’elles arrêtent de jouer avec le temps, la vérité elle est là, tout le monde la connaît. Qu’elles fassent leur travail correctement.

Le Combat Adama c’est aussi le combat contre la répression qui s’abat sur les frères d’Adama depuis trois ans, et notamment de Bagui, incarcéré depuis novembre 2016. Qu’est-ce que tu peux nous dire à propos de lui aujourd’hui ?

Nous avons 60 gendarmes qui portent plainte contre Bagui et il va être mis aux Assises pour tentative d’assassinat suite aux révoltes qu’il y a eu dans notre quartier après la mort d’Adama. Ils n’ont aucun élément, aucune preuve contre Bagui, et Bagui est le témoin principal dans la mort d’Adama, il est un témoin qu’on veut fragiliser, déstabiliser depuis le début. Soixante gendarmes – ce qui est ridicule – portent plainte contre lui mais les trois gendarmes mis en cause dans la mort d’Adama ne sont même pas mis en examen ! Donc on voit avec quelle force et quelle puissance cette machine de guerre peut s’activer quand il le faut. Mais on ne lâchera pas ! On en fera un procès politique, on en fera une tribune. Ils veulent faire de mes frères des frères Kamara, qu’ils ont condamné à plus de dix ans de prison ; on ne se laissera pas faire, on a hâte de se défendre et nos soutiens sont encore là. La justice pour Adama on l’aura, mais pas au sacrifice de mes frères, il en est hors de question.

Samedi prochain, le 20 juillet, vous organisez donc la Marche Adama III, tu peux nous en parler ?

C’est la 3e marche, un tournant important, que personne ne doit rater. La Marche Adama aujourd’hui est représentative d’un très gros mal-être de cette France, des violences policières, et surtout de la justice et la vérité pour Adama et de tout ce qu’on veut dénoncer. C’est là où tous les soutiens, toutes les luttes, toutes les organisations devront être et seront, parce que si le tournant on le prend correctement, on le prend fort, on le prend avec puissance et que cette machine de guerre on arrive à la faire reculer, ce sera un changement pour beaucoup de monde. On aura imposé quelque chose. Et on y est presque ; ça fait trois ans, et ce qu’on a fait en trois ans, il y a des familles malheureusement qui attendent depuis des années. Ça veut dire que quand on porte plainte contre l’expert Caroline Rambaud, c’est une experte qu’on écarte du système, pour d’autres affaires. Et quand on montre que des experts ont fait des faux papiers, des faux documents et que des grands médecins arrivent, on peut se défendre aussi dans ce sens-là. Quand on dénonce les violences policières, la force c’est de le faire ensemble. Qu’on le fasse ensemble, on sera plus fort. À la Marche Adama III, il faudra le prouver, il faudra le montrer.

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Merci à Assa Traoré.
Interview réalisée par Cases Rebelles le 12 juillet.

MARCHE ADAMA III : Samedi 20 juillet 2019 – Rdv à partir de 14h30 à la gare de Persan-Beaumont.

À propos de BAGUI : pour la campagne de soutien en vue de son procès prochain, un t-shirt  « Libérez Bagui Traoré » sortira au profit de la famille Traoré et du Comité Adama,  dont le visuel a été dessiné par le collectif Cases Rebelles.  

Justice pour Adama ! Libérez les frères Traoré !

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marche adama III - 2019

  1. Caroline Rambaud est l’auteure du premier compte-rendu intermédiaire rendu le 26 juillet 2016, qui concluait qu’Adama était malade et souffrait d’une cardiomyopathie hypertrophique. Le 8 septembre 2016, son rapport d’expertise confirmait la présence de lésions cardiaque. Cette expertise écartait ainsi toute responsabilité des gendarmes. On retrouve le  nom de Caroline Rambaud dans une autre affaire, celle de la mort d’Ali Ziri en juin 2009 ; elle avait également attribué le décès d’Ali Ziri à la même pathologie cardiaque avant d’être contredite par deux autres contre-expertises. []