« La Croisade de Lee Gordon », de Chester Himes
À 38 ans, en 1947, un homme profondément blessé, Chester Himes, crache « La Croisade de Lee Gordon » à la face de l’Amérique. Il reçoit un accueil unanimement réprobateur. Mais Himes a trop morflé pour avoir la pudeur ou le romantisme des combats héroïques. Et il avait suffisamment d’audace désespérée pour tremper les mains dans la complexité des êtres, aussi boueuse fut-elle. Peu lui importait qu’on ne soit pas « entre nous », peu lui importait de plaire, d’être stratégique ou de coller à un programme idéologique. Il écrivait avec l’énergie convulsée des nausées violentes, la rage impuissante des dernières cartouches et l’humour des naufrages. Lire →