SÉRIE
DES FORCES RÉACTIONNAIRES n°11 : le PNF (parti nationaliste français)
Dans la série Des forces réactionnaires on se propose de vous parler de groupes, d'événements, de mouvances, d'idéologies réactionnaires en France ou liés à la France, en partageant également des ressources accessibles.
Par Cases Rebelles
Octobre 2022
Nous arrivons au 11e numéro de notre série Des forces réactionnaires, et il est consacré au PNF, le Parti nationaliste français.
Quand on se penche sur la fondation du Parti nationaliste français (PNF), pétainiste, négationniste, antisémite, le casting est dénué de toute ambiguïté. Pierre Bousquet (ex-Parti franciste), Jean Castrillo (ex-Parti populaire français), Henri Simon (ex-Parti franciste) sont tous d’anciens soldats de la Waffen-SS ; Patrice Chabaille, Pierre Pauty et André Delporte sont tous d’anciens membres du comité central du Front national (FN) dont ils représentaient l’aile dure et dite « antisioniste ». Suite à l’attentat qui a coûté la vie à François Duprat, numéro 2 du FN et à son remplacement par Jean-Pierre Stirbois en 1977, cette tendance, constituée par les membres de la revue Militant, s’est retrouvée marginalisée. Ils ont donc quitté le Front National (FN) entre avril 1980 et décembre 1981.
C’est en 1983 que tous, ils vont tous créer le Parti nationaliste français.
En 1987 une scission donne naissance au PNFE (Parti nationaliste français et européen), sous l’impulsion de Claude Cornilleau, ex-FN et ex-OAS, qui en est le fondateur et la tête pensante. Le PNFE sera notamment impliqué en 1988 dans des attentats contre des foyers de travailleurs immigrés à Cannes et à Cagnes-sur-Mer.
En 1990, le PNF tente une alliance avec les JNR (Jeunesses Nationalistes Révolutionnaires) emmenés par Serge Ayoub. L’alliance durera environ un an.
« Grâce au local du PNF, Ayoub continue de rassembler autour de lui plusieurs dizaines de skins nazis. Mais la cohabitation avec les anciens collabos et Waffen-SS du PNF tourne court là-aussi, surtout après la diffusion par les JNR-CBJ des tracs pro-irakiens pendant la Guerre du Golfe. À cette époque, Ayoub tente d’ailleurs de prendre contact avec des islamistes radicaux comme Mohammed Mouhadjer, proche des réseaux qui ont organisé les attentats à Paris en 1986. »
(Source : La Horde)
Pierre Bousquet, l’un des fondateurs, décède en 1991 et Pierre Pauty, autre fondateur, réintègre le FN : élu membre du Comité central en 1994 et conseiller municipal de Saint-Denis, il quitte finalement le parti pour le MNR (Mouvement national républicain) de Bruno Mégret en 1999.
Pour le PNF c’est plus ou moins la disparition. Les dissolutions des JNR, de Troisième voie, de l’Œuvre française et sa branche jeune les Jeunesses nationalistes en juillet 2013, suite à l’assassinat de Clément Méric, vont ramener le PNF sur le devant de la scène.
En 2015 dans un édito intitulé « Appel aux français non reniés » de Militant (simultanément disponible en vidéo sur Youtube), André Gandillon, président du PNF et rédacteur en chef de la revue, en appelle « à l’unité des nationalistes » et relance le parti. Très vite, Yvan Benedetti, leader de la désormais défunte Œuvre française, fait une déclaration en ce sens. Cet ex-FN, conseiller municipal de Vénissieux, proche de Bruno Gollnisch, était au comité central mais en avait été exclu en juillet 2011 notamment pour avoir déclaré qu’il était « antisioniste, antisémite, anti-juif ». Il avait alors rejoint l’Œuvre française, succédant à Pierre Sidos.
Le 31 octobre et le 1er novembre 2015 a lieu le Congrès de refondation qui rassemble une centaine de personnes.
« C’est dans un hôtel de la banlieue ouest de Paris qu’environ 150 militants des franges les plus radicales de l’ultra-droite française se sont réunies les 31 octobre et 1er novembre.
Après la dissolution par le gouvernement en 2013 des groupuscules de l’ultra-droite tels que l’Oeuvre Française ou les Jeunesses Nationalistes, suite à la mort du militant antifasciste Clément Méric, la mouvance nationaliste a décidé de se réorganiser en tenant un congrès de reconstitution du défunt Parti Nationaliste Français pour occuper l’espace politique laissé libre, par la stratégie de recentrement du Front National. Cette réunion est clairement un pied de nez au Premier ministre Manuel Valls, qui avait obtenu l’interdiction de ces groupuscules.
L’ambiance était masculine (90 % d’hommes) et virile. La grande majorité des participants avaient moins de 30 ans et arboraient, des tatouages à la gloire du 3ème reich et un look skinhead. Sur les stands, on trouvait une littérature antisémite à la gloire du fascisme et du national-socialisme, ainsi que des goodies, comme des tee-shirt et bouteilles de vin à l’effigie du Maréchal Pétain. »
(Source : Hans Lucas)
Jean-Marie Le Pen envoie même une lettre de soutien. L’objectif est notamment, à n’en pas douter, de soutenir les forces d’extrême droite et faire de l’ombre au FN dont il a été exclu :
« Au président et aux membres du PNF en refondation : salut et fraternité. Jeune nation et l’Œuvre Française, derrière leur fondateur Pierre Sidos, ont mené un combat national indépendant depuis plusieurs décennies, parallèlement au Front national que je présidais. Nous avancions vers le même but : arracher notre patrie et son peuple français à une décadence que nous savions mortelle. Le tsunami migratoire rend nécessaire une mobilisation générale des patriotes et la coordination de tous les mouvements nationaux. Chacun d’eux doit être de plus en plus fort dans son secteur. C’est tout ce que je souhaite à votre congrès en ces temps où la fête des morts annonce la résurrection. »
Jean-François Simon (fils d’Henri Simon, l’un des fondateurs) est élu président et Benedetti devient porte-parole.
En 2019, Benedetti est condamné pour reconstitution de ligue dissoute. Il fonde Les Nationalistes, qualifié pompeusement de « mouvement ». Les Nationalistes tient plutôt du groupuscule et se cristallise autour de la figure de Benedetti.
Aujourd’hui, celui-ci est directeur d’édition et de publication du site internet Jeune nation qui relaie les positions des Nationalistes. Les Nationalistes ont une branche féminine : les Caryatides, organisation auparavant affiliée à l’Oeuvre française.
La revue Militant existe toujours ; André Gandillon (ex-FN, ancien secrétaire général du PNF) en est le rédacteur en chef.
En septembre 2022, Yvan Benedetti a été condamné à 10 000 euros d’amende pour « contestation de crimes contre l’humanité ». Récemment, après un voyage en Russie, il faisait une conférence sur la guerre dans laquelle il tenait, sans surprise, des positions pro-russes.
Il passera en jugement en décembre 2022 pour une « agression en bande organisée » commise contre une équipe de l’émission de TMC Quotidien dans le cortège d’une manifestation anti-PMA du mouvement Marchons enfants, début octobre 2019.
Sources
« Le Parti nationaliste français : du neuf avec du vieux », La Horde, 12/03/2016.
« Congrès de refondation du Parti Nationaliste Français », par Vincent Jarousseau, Hans Lucas.
« Yvan Benedetti réactive un groupuscule nationaliste avec le soutien de Jean-Marie Le Pen », par Laurent Burlet, 28/10/2021, Rue89 Lyon.
« Négationnisme : La figure de l’extrême droite Yvan Benedetti condamné à 10.000 euros d’amende », 20 Minutes avec AFP, 13/09/2022.