Nous commençons ici un inventaire de médias, du passé et du présent, dans lesquels nous nous reconnaissons, en partie ou entièrement, auxquels nous nous sentons liéEs par l'Histoire, les approches politiques, etc. Ces brochures, journaux, magazines, radios nous précèdent, nous accompagnent, nous motivent, nous inspirent ; c'est pourquoi nous célébrons ici leur existence, en ordre chronologique.
FREE SPEECH
Le Free speech fut fondé en 1888 par le Reverend Taylor Nightingale à Memphis avec comme QG son église baptiste. Le journal devient le Free Speech and Headlight quand J. L. Fleming, expulsé de Marion par une meute raciste, se joint à Nightingale.
En 1889, Ida. B. Wells, déjà active dans plusieurs autres publications, est invitée à participer au journal. En 1891, les autorités de la ville usent d'une querelle interne de l'Église pour faire arrêter le modéré Nightingale ; celui-ci quitte la ville et le journal. En Mars 1892, suite au lynchage d'hommes de Memphis qu'elle connait, Wells commencera son travail d'enquête et d'activisme contre cette pratique. En Mai, à cause d'un édito, une meute débarque aux locaux du journal pour y lyncher les responsables ; la presse est démolie et l'immeuble incendié. Wells est heureusement absente, en déplacement à New-York, et Fleming s'échappe de justesse. C'est la fin du Free Speech.
Aucun numéro archivé du journal n'est disponible.
Photo. : Ida B. Wells
FIRE!!
Créé en 1926 par Aaron Douglas, Zora Neale Hurston, Richard Bruce Nugent, Countee Cullen, Langston Hugues, John P. Davis, Gwendolyn Bennett, Wallace Thurman et Lewis Grandison Alexander, ce magazine emblématique et avant-gardiste de la Harlem Renaissance posait sur la société noire un regard nouveau, en abordant notamment les thèmes comme le colorisme, les sexualités, les rapports interraciaux, la prostitution. Il regroupait poésies, nouvelles, dessins et gravures, et n’a eu qu’une sortie unique.
Couv. : FIRE !! Devoted to Younger Negro Artists, 1926.
THE CRISIS
The Crisis : A Record of The Darker Races fut fondé par William Edward Burghardt Du Bois en Novembre 1910. C’est le mensuel officiel de la NAACP (National Association for the Advancement of Coloured People) et il est encore publié aujourd’hui. À l’origine c’était un journal de 16 pages coûtant 10 cents. Son but premier était d’informer sur les « événements importants et les mouvements dans le monde qui portent sur le grand problème des relations inter-raciales, et en particulier celles qui affectent le noir américain". Il y était question de la ségrégation, du vote, des lynchages, etc. Venaient ensuite l’aspect culturel et l’analyse de productions sociologiques et littéraires qui touchaient à la question raciale, et des prises de positions plus générales sur l’état des droits aux États-Unis avec par exemple des sujets sur l’égalité hommes-femmes. On y trouve également des sujets internationaux.
Les numéros de The Crisis sont un trésor inestimable quand il s’agit d’observer les évolutions de la société américaine et l’histoire de la communauté afro-américaine. Le journal tire son nom du poème The Present Crisis de James Russell Lowell, l’un des co-fondateurs du journal.
Du Bois quitta le journal en 1934 alors qu’on lui reprochait son marxisme, en contradiction avec la profession de foi d’indépendance politique du journal. Il est remplacé par Roy Wilkins.
Une grande partie des archives de The Crisis sont disponibles en ligne :
De 1910 à 1922 : voir ici.
The Crisis sur google books : voir ici.
Couv. : The Crisis - Mars 1915.
THE WEST INDIAN GAZETTE
C'est la militante Claudia Jones qui créa la West Indian Gazette and afro-asian caribbean news en 1958 à Londres. Ce journal mensuel s'intéresse autant à la communauté caribéenne de Londres qu'à l'actualité dans les Caraïbes. L'orientation politique se veut clairement pan-caribéenne et panafricaine. Il y est question de culture, d'anti-impérialisme, des multiples problèmes auxquels font face les caribéen-e-s de Londres. Le journal se veut populaire et indépendant de tout parti, malgré le marxisme de Claudia Jones. Il jouera un rôle important dans l'organisation de la communauté caribéenne londonienne notamment contre les violences racistes et les lois anti-immigration. L'organe fut aussi déterminant pour la naissance dès 1959 des premiers Carnavals caribéens desquels découlera le célèbre carnaval de Notting Hill. Après la mort de Claudia Jones en 1964 le journal survivra pendant huit mois et quatre éditions.
Couv. : West Indian Gazette and afro-asian caribbean news, Avril 1963, Vol 5 n°9.
RADIO FREE DIXIE
C'est en exil à Cuba, que Mabel et Robert Williams lancèrent Radio Free Dixie en 1961. Cette émission de 1h fut diffusée tous les vendredis jusqu'en 1965, date à laquelle les Williams partirent pour la Chine. L'émission contenait des commentaires et des analyses sur les luttes d'émancipation en cours aux États-Unis, sur la guerre du Viet-Nam, et des messages révolutionnaires. Le tout était entrecoupé de musique. L'émetteur permettait une large diffusion sur le territoire américain et des enregistrements étaient aussi rediffusés ; certains furent même diffusés sur Radio Hanoï.
"C'était vraiment la première vraie radio où les noirs pouvaient
dire ce qu'ils veulent dire et ils n'avaient pas à se soucier des
sponsors, ils ne devaient pas s'inquiéter de la censure". (R.F. Williams)
Photo. : Mabel et Robert F. Williams.
LE POUVOIR AUX TRAVAILLEURS
Le Pouvoir aux travailleurs est un mensuel trotskyste qui existe depuis février 1973. Cet organe de l’Union africaine des travailleurs communistes internationalistes (UATCI, membre de l’UCI) milite en France et en Côte d’Ivoire. Le bulletin en noir et blanc d’une dizaine de pages est constitué d’analyses politiques et de prises de positions autour de l’actualité africaine. Le Pouvoir aux travailleurs est diffusé en France et en Côté d’Ivoire.
L’abonnement est possible à cette adresse : Le PAT - B.P. 42 - 92114 Clichy Cedex.
Couv. : Le Pouvoir aux travailleurs n°1 - 15 Février 1973.
COORDINATION DES FEMMES NOIRES
La Coordination des femmes noires a existé de 1976 à 1980. Elle était composée de femmes noires, africaines et antillaises. Pendant son existence la coordination a sorti quelques brochures. Il y est question de la place des femmes dans les mouvements politiques, de luttes anti-coloniales, des militantes emprisonnées, de sexualité, contraception, etc., le tout avec une dimension locale et internationaliste. Le groupe était très mobilisé sur la question de la lutte en Afrique du Sud.
"À partir de la confrontation de notre vécu entant que femmes et en tant que noires, nous avons pris conscience que l'histoire des luttes, dans nos pays et dans l'immigration, est une histoire dans laquelle nous sommes niées, falsifiées. (...) C'est pourquoi notre lutte en tant que femmes est avant tout autonome car de la même façon que nous entendons combattre le système capitaliste qui nous opprime, nous refusons de subir les contradictions des militants qui, tout en prétendant lutter pour un socialisme sans guillemets, n'en perpétuent pas moins dans leur pratique, à l'égard des femmes, un rapport de domination qu'ils dénoncent dans d'autres domaines."
Couv. : Brochure de la Coordination, Juillet 1978.
PEUPLES NOIRS PEUPLES AFRICAINS
En 1978 Mongo Béti et Odile Tobner fondent Peuples Noirs Peuples Africains, revue politique et littéraire, anticolonialiste et panafricaniste. Le principe est collaboratif ; des articles et extraits de travaux d'écrivain-e-s, chercheur-se-s, politiques, militant-e-s et des co-fondateurs eux-mêmes sont publiés. La revue s'arrête en 1991.
Sur internet : voir ici.
Couv. : Peuples Noirs Peuples Africains n°1, Janvier 1978.
REBELLE!
Journal créé en 2008 par des jeunes guadeloupéen-ne-s et des militant-e-s de Combat Ouvrier, Rebelle! est un journal s'attaque au capitalisme, au système scolaire en Guadeloupe, à la politique française aux Antilles et à la politique internationale. Exclusions abusives, hygiène catastrophique des établissements, mise au pas patronale du système éducatif, précarité des jeunes travailleurs, politiques de prévention et de contraception désastreuses et hors la loi, harcèlement sexuel dans les collèges et les lycées sont dénoncés dans les quelques pages en noir et blanc (parfois couleur) du journal vendu 30 centimes d'euros.
Depuis sa création le journal Rebelle! et ses membres subissent une répression constante de la part de la justice française. En 2013 deux de ses membres, dans un procès-mascarade, ont été condamné à cinq et huit mois de prison ; ils ont fait appel, la date de ce nouveau procès n'a pas encore été programmée.
Actualité du journal : Journal Rebelle! - Journal Rebelle!.
Couv. : Rebelle! n°4, 6 janvier 2009.
SANTINEL PEP LA
Depuis Mars 2010 l’équipe de Santinel pèp la (La sentinelle du peuple) fait de son mieux pour sortir mensuellement un bulletin en créole habité d’une verve militante et incisive qui fournit des analyses approfondies de la situation haïtienne au niveau politique, économique et social. C'est une publication indépendante qui vise tant à l'information qu'à l'organisation.
Couv. : Santinel Volume III, n°6, Oktob 2012.
Q-zine
Le webmagazine Q-zine est un projet issu du Réseau des jeunes LGBTI d’Afrique de l’Ouest (QYAN). Ce magazine en ligne par et pour les Queers et LGBTI africains et leurs allié-e-s est panafricaniste, et bilingue français-anglais. C'est une publication d’une grande richesse qui veut célébrer, débattre et explorer la créativité et la richesse culturelle de la vie queer en Afrique et dans la diaspora. Il se construit essentiellement de manière participative. On y trouve des essais, des poèmes, des témoignages, de la fiction, des photos de mode, et plus encore. Dans son désir de donner de la visibilité à la diversité, la créativité, la complexité, la pluralité chez les LGBTI et Queers africains, Q-zine s’attaque à de multiples questions avec des angles originaux.
Q-zine sur Facebook et http://issuu.com/q-zine (numéros en ligne).
Couv. : Q-Zine, n°8, Décembre 2013.