Nos pleurs et l’horizon

Ce samedi encore nous pleurerons Lamine Dieng assassiné par la police du 20ème arrondissement de Paris le 17 juin 2007.

Combien serons-nous ?

Pourquoi une famille qui a défait l’État français à la CEDH poursuit-elle le combat ?

Parce que leur quête n’était pas que justice pour leur frère, leur fils, leur cousin, leur oncle, neveu, ami. C’était aussi justice pour les vôtres, pour les nôtres.

La justice pour tous·tes

C’était aussi justice pour celleux qui traversent et survivent marqué·es par les blessures, l’âme en état de choc et d’incrédulité.

Le volcan bouillant de futurs détestables ne s’est jamais éteint. Il reprenait des forces.

Il n’a jamais cessé de happer des vies au hasard des années, des jours et des géographies, nourrissant patiemment son gosier infernal.

L’extrême-droite, ses idées, ses sbires, ses bras armés continuaient à tuer.

La police, les gendarmes, l’armée. Les tireurs civils solitaires, les fafs assemblés en meute adeptes du lynchage.

Nous ne voulons pas énumérer les mort·es parce qu’on en oublie tout le temps et que chaque victime de cette guerre continue mériterait qu’on s’arrête pour entendre son histoire.

L’oubli fait tellement mal quand le drame intime finit rangé à la rubrique des faits divers, entré en collision avec l’indifférence, le déni, le mensonge et les complicités médiatiques.

On peut (il faut) comparer, chiffrer, analyser.

Mais qu’on admette aussi que les histoires à qui on fait l’honneur de l’intérêt public serviront, souvent malgré elles, à étouffer la litanie des récits cauchemardesques. Qu’on reconnaisse que même les indignations les plus pures s’apaisent beaucoup trop vite.

On peut (il faut) comparer les périodes, faire état des contre-discours, des modalités de résistances. Mais surtout qu’on ne nous parle pas des dix mille artifices que la société du spectacle a mis à disposition pour donner à chacun·e l’illusion d’avoir un pouvoir politique. Un « pouvoir » cruellement inoffensif. Oui on a des aréopages, des figures, des stars des plateaux-télés et des réseaux sociaux. Une hype qui fait mal aux yeux et donne mal à la tête.

Mais nous demeurons bien incapables de lancer une grève, d’éveiller quoi que ce soit qui effraierait les forces impérialistes et capitalistes qui nourrissent le volcan.

La lave déborde, le souffre empeste les jours et un tas de créatures qu’on rêvait disparues paradent sous le soleil noir.

L’horizon est saumâtre. Aucun soleil ne perce l’épaisseur du futur.

Nous ne voyons que des choix qui se feront par défaut.

Donnons-nous de la force. Combattons les fascistes de toutes les manières possibles.

Rendez-vous samedi au 58 rue des Amandiers, à Paris à partir de 12h.

Justice pour Lamine et pour toutes victimes de la violence d’État et des autres fascistes.

Ce texte est dédié à la famille Dieng, au collectif Vies volées, et au Réseau d’Entraide Vérité et Justice.

Cases Rebelles

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HOMMAGE À LAMINE DIENG : samedi 22 juin 2024
à la Fasti, 58 rue des Amandiers, Paris (20e) – A partir de 12h