MUSIQUES
TOÀN, TEMPÉRATURE AMBIENT
L'artiste Toàn a des racines bretonnes, guyanaises et même malgaches et sainte-luciennes. Son goût du sample l'a fait sillonner dans le hip-hop, le trip-hop, la jungle pour arriver à une musique atmosphérique profondément évocatrice, qu'il qualifie d'ambient. Alors qu'il s'apprête à sortir "Kouskediñ", son nouvel opus, il revient sur son parcours, ses influences et son goût du bricolage sonore.
Par Cases Rebelles
Janvier 2023
CASES REBELLES : Peux-tu te présenter ?
TOÀN : Je fais de la musique sous le nom de Toàn. Ce projet me sert surtout à faire de la musique non rythmique.
Depuis tes débuts, tu as évolué à travers différents genres de musique. Comment tu nommerais, décrirais ce que tu fais aujourd'hui ?
J’ai toujours du mal à répondre à cette question, parfois même je suis embarrassé. Le plus simple pour représenter ce que je fais : on va dire que c’est de l’ambient. Il y a une touche de classique, des instruments acoustiques bizarres et la prédominance du sampling. Après l'ambient, ça prend vraiment plein de formes... Tout le monde ne sera peut-être pas d'accord avec ça — il y a même un courant "mainstream "ces dernières années... Bref, dit plus simplement, mon travail peut être experimental mais j'essaye toujours de soigner la forme.
Comment es-tu venu à la musique ? Tu te souviens de tes premiers morceaux ? Avec quoi tu composais ?
Oui, je m’en souviens. J’ai commencé par le hip-hop. Et le trip-hop m’a beaucoup intéressé parce qu’il y avait quelque chose d’assez libre ; d’un peu plus libre — dans ma tête de gamin de 12 ans, en 1995 — en comparaison avec le hip-hop ou le rap que j’entendais à cette époque-là. Je n’ai aucune formation musicale et y a ce côté intuitif, DIY, dans le rap — qui existe aussi dans le punk. Dans le hip-hop tu peux rapper, graffer, mixer et, si t’es bon en sport, tu peux faire du break. J’ai essayé un peu tout, pas avec le même succès. J’étais fasciné par le mix et le scratch, le bricolage, etc. J’ai commencé à faire des petits morceaux dans le salon. J’avais un gros ghettoblaster qui était à ma grand-mère d’ailleurs — souvent mon premier matos c’était le matos de ma grand-mère — et donc ce ghettoblaster me permettait de mettre deux cassettes en même temps, donc c’était fou, je pouvais mixer ! Ce que je faisais c’est que je prenais ce truc-là, je descendais dans le salon, je me branchais comme un pirate sur la sono de mon père, et du coup j’avais trois sources sonores — ce ghettoblaster, plus un autre truc. J’essayais de scratcher avec la lecture de la cassette en faisant « rewind ». Je commençais à faire des petits collages avec une instru et des phrases que je trouvais à droite à gauche, sur cassette. Une fois il est rentré un peu plus tôt du boulot et je me suis trouvé un peu con, genre découvert dans le salon avec plein de câbles partout sur SA sono... (rires) En fait il ne m’a rien dit. Bon, j’ai quand même compris qu’il fallait que je range rapidement… Donc c’était ça mes premiers morceaux. Après vers le lycée, ça a continué, j’ai eu envie de continuer à faire des tracks ; je faisais des boucles. Quelqu’un m’avait prêté une console ; il y avait une fonction, quand tu mettais un cd, qui permettait de boucler des choses, donc je me suis dit : « Ah ouais c’est mortel ! ». Donc je commençais à boucler des batteries, des trucs que je trouvais sur des CD. Pareil, je les mettais sur cassette puisque j’avais pas d’ordinateur et après j’essayais de faire des collages un peu… hasardeux, mais ça me plaisait et je voyais qu’il y avait plein de possibilités. Et le jour où j’ai eu un ordinateur ça a été incroyable, et ça m’a jamais quitté je pense.
Dans quel univers musical tu as grandi ? Est-ce qu'il y a des liens particuliers avec la musique dans ta famille ?
Mon père est de Guyane. Ma grand-mère — c’est assez flou parce qu’on connaît pas tout à fait bien ses origines — son père était malgache et sa mère était des Antilles anglaises (de Sainte-Lucie) ; mon grand-père, lui, était musicien et jouait dans des bals et lors du carnaval il jouait aussi sur des chars. Nous avons aussi une grande cousine qui a fait deux très beaux albums de musique traditionnelle ainsi qu'un autre cousin qui lui a connu un succès plus grand public vers les années 80. Mon père est venu en France assez tôt, début des années 60, et lui n’a pas fait du tout de musique. Ce qui a pu nous influencer c’est que, n’ayant pas fait de musique — il a un peu commencé en Guyane mais n’a pas continué — il avait, je pense, une sorte de frustration ; ce qui fait qu’il y avait énormément de musique jouée à la maison, de disques ; on en écoutait tout le temps. C’est une habitude que j’ai gardée : il y a tout le temps de la musique chez moi, et donc j’ai toujours eu beaucoup de musique, en quantité mais aussi en variété, à écouter chez moi. Je savais qu’il existait des trucs différents, je pense que ça m’a pas mal ouvert l’esprit plus tard. Mon père m’a fait écouter beaucoup de trucs, mais mon frère aussi : il m’a beaucoup influencé et m’influence toujours. On a 8 ans d’écart. Quand j’étais dans ma chambre à jouer avec mes bonhommes, il écoutait du Fela, il pouvait écouter les débuts de Radio Nova, de FG. Du coup y avait de la drum and bass à la maison, de la jungle, mais aussi du rap, de l’acid jazz qui venaient de mon frère, de la techno aussi. J’ai eu donc accès très jeune à ces musiques-là, sans avoir spécialement d’a priori, en me disant que tel groupe c’est pour tel groupe de personnes donc j’appartiendrais à tel groupe de personnes donc j’écoute pas le reste... Après, notre père avait une bonne collection de vinyles qui m’impressionnait vachement quand j’étais petit. Il pouvait y avoir du rock. Je ne dirais pas qu’il y avait de la variété française ; on n'en écoutait pas. On écoutait de la musique traditionnelle, du gwoka, du zouk, du compas, calypso, soca, de la musique afro-caribéenne. Mais aussi beaucoup de soul et de rythm and blues. Quand j’ai commencé à faire des trucs sur cassettes, à mixer, j’avais accès à tous ses disques. Je les écoutais, je notais les samples qui pouvaient être intéressants sur un cahier puisque j’avais rien pour sampler. Je notais : « À partir de tel moment, il y a tel truc qui a l’air bien. » Mon père était aussi ultra fan de James Brown, il avait beaucoup de ses disques ; pour un gamin qui s’intéresse au rap c’est peut-être la meilleure école. Le hip-hop fin 80 jusque milieu 90, quand on prend conscience de la quantité de samples de James Brown, ce qu’il a apporté au hip-hop... Je pense que ça m’a beaucoup influencé. Après, là comme ça, je pense à la manière dont DJ Premier, Pete Rock, Jay Dilla coupaient les samples, les réarrangeaient : ça m’a beaucoup influencé également. Pour ce qui m'a marqué, au niveau hip-hop toujours, je citerais en vrac Digable Planets, Flying Lotus, Ras G, Manuvers, Prefuse 73, Dabrye, King Midas Sound, Phohat. La techno de Detroit : Gerald Donald, Carl Craig, Claude Young. Ensuite, toute la techno minimale ça m’a fasciné : comment faire plus avec moins, je trouvais ça vraiment génial et même maintenant j’suis vraiment impressionné par des gens qui font des trucs supers avec peu d’éléments. Je trouve que c’est beaucoup plus difficile que d’en mettre plein la vue. Ce que faisait Moritz von Oswald, avec Maurizio et Rhythm & Sound par exemple. Après en trip-hop il y a eu DJ Shadow, Portishead. En ambient, j’ai beaucoup écouté une personne qui s’appelle Dawid Szczesny, pour son travail expérimental, mais qui fait plus du tout d’ambient maintenant. Après, tout ce qu’il y a chez 12K j’aime bien. Et au niveau dub, je dirais KingTubby, Jah Shaka, High Tone et la scène novo dub Française.
Avant de faire de l'ambient, tu étais dans le hip hop, tu as aussi été DJ (drum and bass...). Tu veux nous en parler ?
J’adorais la jungle, la drum and bass, le ragga jungle parce que c’était hyper festif et aussi de part mon passé de DJ hip-hop — même si j’ai jamais été un excellent scratcheur... Et voilà, y avait ces parties mix, en tous cas je scratchais par-dessus et un très bon ami à moi toastait : le côté ragga jungle ça donnait des soirées hyper animées et très vivantes, où effectivement quand tu touches des boutons sur ta console et que tu coupes des parties, il se passe un truc parce que quelqu’un va reprendre, le MC va toaster par-dessus, tu peux jouer avec lui. Effectivement c’était génial, c’était des supers années. À cette époque-là j’avais décidé de monter un collectif de DJs et de MC’s, de toasters, sur Paris, autour de la drum and bass et le ragga jungle ; ça c’était début années 2000. J’aimais bien les trucs un peu durs — c’est-à-dire que j’avais des t-shirts bien foncés, pas spécialement très joyeux — mais d’un autre côté j’étais hyper fan de Chopstick, qui étaient des gars qui produisaient du ragga jungle hyper propre, un peu à la manière de Rythm and Sound — les allemands. C’est la deuxième période du ragga jungle : ils ont connu ça quand ils étaient gamins et ils se sont remis à en refaire vers la vingtaine, du coup c’était beaucoup plus propre avec les machines de l’époque. Et ce qu’ils ont fait c’est qu’ils ont rappelé des vieux chanteurs plutôt jamaïcains de la scène raggamuffin, donc y avait cette authenticité dans le chant et justement la qualité des prods parce que le son avait évolué, la qualité des machines aussi et c’était mieux mixé peut-être aussi. J’étais donc à la fois hyper fan des origines du ragga jungle, et de trucs plus véner et un peu dark, deux trucs qui cohabitaient à cette époque-là. Et en même temps je faisais du hip-hop, toujours. Je bossais sur une tentative d’album avec plein de MC’s différents et plutôt dans une vibe jazz hip-hop, un peu à la manière des Sound Providers, même si pour moi les sources et les influences étaient Pete Rock, DJ Premier. En jazz j'écoutais John Coltrane, Alice Coltrane, Pharoah Sanders, Kahil El'Zabar's... Et après la quasi totalité des catalogues Blue note, Impulse, Verve, ECM, etc ... J'ai énormément écouté ce genre de jazz.
Qu'est-ce qui t'as fait évoluer vers ce que tu appelles une musique "non rythmique" ? Est-ce que le lien est à chercher du côté de la musique électronique, qui reste une influence très forte chez toi ?
La musique électronique, de par sa régularité, on peut faire des morceaux hyper longs qui ne bougent pas, qui amènent une certaine transe ; ça on le comprend assez vite. Ce qui m’a intéressé à un moment, c’est de retrouver ça par des formes non amplifiées, non électroniques, peut-être aussi antérieures à la musique électronique ; des formes de musiques méditatives qui amènent un état de transe. Donc j’ai commencé à m’intéresser à ça. C’est pas réservé exclusivement aux machines. C’est pour ça qu’à un moment donné ces instruments de sonothérapie — je pense aux bols tibétains, ceux qui sont très gros qui font des grosses basses, ou les gongs, ou d'autres choses comme les harpes en cristal qui produisent des sons qui durent très longtemps, très cristallins qui se mélangent vachement et créent des nappes, comme des nappes de synthé — ça ça m’a fasciné. Vu que je suis arrivé dans la musique par des bidouillages de cassettes, par du mix, pas par des instruments, je pense qu’à un moment donné ça m’a fait du bien de pouvoir me dire, ou répondre quand on me posait la question, de pouvoir dire enfin : « Ben je joue de tel ou tel truc. » J’ai eu besoin de retourner vers les instruments. C’est pas évident quand on atteint un certain niveau de se dire : « Ok je passe aux instruments : ben... je sais rien faire. » C’est difficile mais je ne regrette pas. Par exemple là, je joue de la flûte, c’est tout basique en fait, c’est peut-être l’un des premiers instruments, enfin c’est arrivé très tôt à mon avis.
Vu que j’ai écouté beaucoup de musique électronique, j’aimais qu’il y ait des atmosphères dans ce que je fais, c’est pour ça que quand j’ai terminé les projets hip-hop, je me suis tourné vers ce projet de trip-hop plus jazz, avec plus d’atmosphère, plus de moments où il se passe rien. Y avait quand même une notion rythmique, y avait un tempo, mais y avait des parties où il n’y avait plus de rythmique, juste beaucoup d’effets. J’ai toujours écouté beaucoup de dub donc beaucoup d’effets, de delay et de grosse reverb ; ça crée des nappes en fait. Petit à petit je commençais vraiment à apprécier ces moments où la rythmique n’est plus là, où on est plus dans la suggestion d’ambiances, d’images, d’état d’esprit, etc. C’est sûr que pour passer de ça à un drone pur, il y a plein d’étapes en vérité, mais finalement j’étais déjà un peu dans cette démarche de recherche d’atmosphère. Dans mes premiers morceaux d’ambient, il y avait quand même des gros samples « ethniques », par exemple des samples de bansurî ; je samplais déjà des choses qui appartiendraient au paysage asiatique des flûtes ou des koto – y avait déjà ça dans mon projet de trip-hop.
Pourquoi cette importance de la transe ?
Le côté régulier de la musique électronique et le fait qu'on puisse facilement être amené à une transe, il y a eu cette influence-là, et inconsciemment je l’ai raccroché aux musiques traditionnelles. Dans plein de pays différents, il y a ce type de morceaux — c’est peut-être une projection d’occidental — où j’ai l’impression qu’on se rassemble et qu'il y a une dimension plus spirituelle. Je pense que c’est ce pont entre ces musiques, musiques électroniques et musiques traditionnelles, qui m’a donné envie de faire ce type de musique ambient. Parce que la musique ambient avec du synthé uniquement c’est juste pas mon truc : je trouvais ça trop froid et un peu déshumanisé — même si quand c’est bien fait je suis le premier à le reconnaître et j’en écoute des morceaux comme ça, mais c’est pas ce qui m’intéresse le plus.
De par mon profil psychologique je mets facilement des images sur ce que j’entends. Je pense que l’on peut ramener ça à de la synesthésie. Les sons, je les interprète comme des formes, des couleurs, des températures et des matières. Avec l’ambient j’ai l’impression qu’on est plus dans de la sculpture sonore, et là on est concrètement dans la création de matière auditive, de paysage sonore. Je me perds facilement dans ces choses-là et donc je me sens bien. La plupart du temps quand je fais de la musique, j’essaie de créer des environnements dans lesquels je me sens bien, je pense qu’aussi mon profil me permet de travailler hyper longtemps, donc je peux rester très longtemps dans ces états ou dans ces lieux, ces paysages sonores. C’est ça qui me plaît.
Ton profil psychologique tu veux préciser ?
J’ai une forme d’autisme. Pour le dire simplement, je suis Asperger.Tu as aussi animé une émission musicale sur PlumFM, en 2020 c'est ça ?
Oui. J’ai fait n’importe quoi avec mes études donc j’ai été déscolarisé à un moment donné et j’ai bossé. J’étais trop nul en physique et math pour être ingénieur du son mais je voulais vraiment rester dans le son, donc je suis tombé sur ce BTS pour être technicien radio. Je trouvais ça génial parce que la radio j’adorais ça. J’ai décidé de bosser pour me payer cette école. Mon intérêt pour la radio a toujours été assez fort, mais c’était le milieu de l’audiovisuel, je peux pas dire que je le connaissais bien, mais à ce moment-là ça me convenait pas trop de m’investir là-dedans, parce qu’à côté j’m’éclatais beaucoup plus avec des gens que j’appréciais plus dans le hip-hop, la drum and bass. Finalement, j’ai jamais rien fait dans la radio. Quand je suis arrivé en Bretagne il y avait quelques petits médias qui accueillaient des émissions non professionnelles. Je voyais pas l’intérêt de refaire quelque chose qui était déjà là, et peut-être même moins bien. Mais depuis quelque temps je me rendais compte que dans plein de styles différents il existait des musiques où y avait pas du tout de rythmique. Ça pouvait faire écho à des discussions que j’avais eues avec des gens et quand je leur expliquais : « Y a pas de rythmiques, y a pas de refrains, y a pas de chanteurs, ça dure dix minutes », tu sens que ils sont perdus. Et en vérité y a plein de musiques dans lesquelles il n'y a pas de rythmique. Souvent il peut y avoir des pulsations. L’idée était donc de faire une émission de radio non rythmique mais accessible. Il pouvait y avoir de la pop, de la musique africaine, il pouvait y avoir de la musique classique, mais aussi de la musique ambient — quand je dis musique africaine c’est-à-dire couvrir un peu tout le continent — et voilà, mélanger ces influences-là avec juste pour ligne directrice quelque chose qui n’est pas rythmique. Au final, j’ai pris pas mal de plaisir à faire ça. Ça me prenait beaucoup de temps aussi parce que c’est pas non plus la forme de composition qui prédomine en musique. Et je suis pas quelqu’un qui parle facilement alors pour moi c’était exclu de la faire en direct ; c’était enregistré à la maison. Après j’avais déjà fait des petits mix sous forme de podcast où je parle pas, où je balance juste des morceaux et puis y a la tracklist en-dessous, donc je me suis dit : « Bon allez, ça peut être un exercice supplémentaire de prendre le micro, de dire quelques petits mots comme ça, tu recherches des choses sur les gens, c’est plus humain. » J’ai fait ça pendant un an et je suis assez content de cette expérience.
Quels sont tes projets actuels ?
Je viens de terminer un projet de longs formats audios : Kouskediñ, sorti sur le label Slow Tone Collages1. Des longues pièces sonores. J'ai beaucoup aimé cet exercice. J'ai utilisé plein de nouveaux instruments (que j'utilise habituellement pour les voyages sonores) et le résultat est plutôt doux, étiolé et méditatif. C'est ça, du coton qu'on étire doucement. Enfin c'est ce que j'ai envie de croire ! Sinon, c'est plutôt calme ces derniers temps. Je joue beaucoup, j'expérimente mais je n'enregistre pas vraiment. Rien de concret pour aboutir à un projet. Faut dire que j'ai pas l'esprit libre non plus, je suis rattrapé par la réalité économique du moment. J'ai des agents gouvernementaux sur mon dos et je vais finir par me faire coffrer si je ne trouve pas très vite un vrai job !...
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Merci à Toàn. Interview réalisée le 22 janvier 2023 par Cases Rebelles.- L'artwork a été réalisé par Xonanji, membre de Cases Rebelles [↩]