« Le Crapaud chez ses beaux-parents » de Jean-Michel Kibushi

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Dans l’Emission n°10 Max Jeanne nous racontait comment la mer du Gosier, en Guadeloupe, était devenue salée ; à l’occasion de l’émission n°24 Cases Rebelles vous proposait à nouveau d’écouter un conte. Il s’agissait de la bande son du Crapaud chez ses beaux-parents, conte congolais mis en image par Jean-Michel KIBUSHI NDATE WOOTO en 1991.

Le Crapaud chez ses beaux-parents est le premier film de Jean-Michel KIBUSHI. Né en 1957 dans le Kasaï oriental, le réalisateur s’est formé avec stages et études dans des ateliers d’animation et instituts d’arts entre Kinshasa et Bruxelles. En 1988 il fonde au Congo son propre studio d’animation, Malembe Maa. Il réalise Kinshasa septembre noir en 1991, un travail collectif avec des enfants ; L’Orange blanche, la suite du Crapaud chez ses beaux-parents, en 1993 ; Mwana Mboka en 1999 ; L’âne et le chat en 2000 ; Rica-Wissembourg en 2001 ; Prince Loseno, l’héritier en 2004 ; La Caravane pour le Sankuru, un documentaire sur son projet de cinéma ambulant, en 2007 et enfin Ngando en 2008. Kibushi dirige aussi un programme de formation au cinéma d’animation à Kinshasa.

Il aborde les thèmes de la tradition, la vie la mort, le pouvoir, la ville, les violences et la guerre, l’économique et le social actuel, en travaillant à partir de la narration traditionnelle, de l’oralité des contes et récits griotiques.
À travers ses créations, Jean-Michel KIBUSHI défend aussi le développement du cinéma d’animation en Afrique et la production d’œuvres qui soutiennent et enrichissent les cultures africaines, notamment face au poids écrasant des industries cinématographiques et médias dominants, en Afrique ou ailleurs. Dans une interview à une journaliste de cinéma africaine, il dit ceci :

Il faudrait qu’on arrive à travailler, à produire. Il faut que chacun joue son rôle et c’est ça le vôtre aussi, par les écrits, par les observations, l’analyse. Mais au delà de cette analyse, nous devons arriver à créer. Et tant que nous ne créons pas, on restera faibles et démunis. Parce que ceux qui ont les moyens et le pouvoir de créer continueront à prendre la suprématie et à nous imposer ces clichés et à les faire perdurer dans les esprits des uns et des autres, des nouvelles générations.

Le Crapaud chez ses beaux-parents est réalisé en papiers découpés. Les personnages, toujours de profil, sont en perpétuel déplacement vers le village des beaux-parents. Successivement apparaitront le crapaud, Lomena le serpent, le bâton, la poule, la civette, le piège, le feu, la pluie, la lumière du soleil, et furtivement la femme du crapaud. Ce conte rapporte comment est advenu l’ordre du monde. Il s’avère que l’inimitié entre les animaux et éléments que je viens citer, qui en résulte découlent d’une discorde originelle…

Lien:
Interview de Jean-Michel Kibushi par Fortuné Bationo, 2009 :  sur Africine.org