Épisode n°109 | Michèle Rakotoson, sans détours

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Michele RakotosonNous avons rencontré Michèle RAKOTOSON lors de la 49ème édition de la RNS (Rencontre Nationale Sportive), à Vichy. La RNS est un événement de la diaspora malgache qui se déroule tous les ans durant les trois jours du week-end de Pâques, et qui réunit en moyenne 5000 à 8000 personnes, venues de partout. Historiquement créée par l’Association des Étudiants d’Origine Malgache (AEOM) en 1975, la RNS avait pour but de réunir la diaspora malgache autour d’activités sportives, puis culturelles afin de maintenir une solidarité à la fois en Europe mais aussi une solidarité avec Madagascar. Devenue lieu de ressourcement, la RNS apparaît comme une exception par sa seule existence depuis 49 ans dans un territoire comme la France. Au prix de multiples compromis et d’un positionnement « apolitique » ; sans pour autant nier nos inquiétudes bien politiques.

Découvrir les œuvres de Michèle Rakotoson, c’est enchantement et désenchantement. Une écriture profonde, qui va à l’essentiel, touche au cœur sans faire l’économie des détails. Apparition de la terre malgache dans toute sa densité à l’horizon des lignes. Et l’existence sur cette terre dans toute son âpreté.
Lire Michèle Rakotoson c’est tant un soulagement qu’une angoisse qui monte au gré de questions aiguës tendues de désespoir. Comment et quand le peuple malgache sortira de la misère ? À qui profite le système ?
Son dernier roman, Ambatomanga, le silence et la douleur dépeint avec force la résilience du peuple malgache durant l’invasion du blanc.

Dans ce nouvel épisode, il est peu question de littérature mais plutôt de ce qui l’anime. Sans détours, sans langue de bois, Michèle Rakotoson, celle qui dérange, nous livre son analyse sans concession d’une société de castes, entretenue par celles et ceux qu’on appelle les notables.

Bonne écoute !

      Épisode 109

Télécharger l’épisode 109 : cliquez ici

MUSIQUE :
Beverly Glenn-Copeland « River dreams »
Tiharea « Hoe raho »
Ninie Doniah « Kokiko »

Merci infiniment à Michèle Rakotoson pour ses mots, son amour des nôtres, sa tendresse, ses luttes et ses prises de position. La révolution continue de bouillonner dans nos cœurs ; mille merci pour cette force que vous n’avez cessé de transmettre !

Crédit photo : Hetsika ©

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Notes et précisions :

Andriana : Roi, reine, notable.

Hova : Dans ce contexte, hova désigne la classe libre des merina. Celleux qui ne sont ni andriana ni andevo (esclave).

Rova : Complexe, palais royal merina.

Merina : Les Merina sont un groupe ethnique de Madagascar, principalement concentré dans les Hautes Terres de l’île, notamment dans la région d’Antananarivo. Leur histoire remonte à des migrations anciennes, initiées par des peuples d’Asie du Sud-Est, probablement venus d’Indonésie ou de Malaisie, vers le Xe siècle. Les Merina se sont organisés en clans, puis en royaumes et finalement en un état. Leur société était hiérarchisée, comprenant plusieurs groupes sociaux : les Andriana (nobles descendant des anciens seigneurs ou princes) ; les Hovas (hommes libres accompagnant les Andriana) ; les Mainty (descendants des premiers habitants des Hautes Terres) ; les Andevo (esclaves).

Ntandroy : Peuple qui se trouve dans l’extrême sud de Madagascar.

Betsileo : Peuple de la partie sud des terres centrales.

C.E.G.: collège d’enseignement général.

Bara : Peuple semi-nomade des plateaux du sud de Madagascar.

Vavatenina : Se trouve à 130 km au nord de Toamasina, à l’Est de l’ile.

Mariny, rariny, hitsiny : Vérité, justice, droiture.

Bezanozano : Peuple venant principalement de Moramanga entre la partie orientale de l’imerina et la partie côtière de la région Betsimisaraka à l’Est.

Philibert Tsiranana : Premier président de Madagascar, en poste de 1959 à 1972. Sa présidence est souvent vue comme un moment charnière dans l’histoire post-coloniale de Madagascar, mais aussi comme une période controversée marquée par des contradictions entre aspirations d’indépendance et continuités néocoloniales. Tsiranana est né en 1912 et a reçu une éducation française. En 1956, il devient membre de l’Assemblée nationale française, ce qui lui permet de renforcer ses relations avec l’administration française et de préparer la transition de Madagascar vers l’indépendance. Le 26 juin 1960, Madagascar devient officiellement indépendante : Tsiranana est président. Bien qu’il ait prôné l’indépendance politique, il va maintenir des liens économiques et culturels très étroits avec la France. Cela se traduit par une dépendance économique continue et une influence française persistante dans les affaires malgaches. Tsiranana privilégie une élite économique et politique qui profitait de cette relation, marginalisant ainsi une grande partie de la population malgache souffrant des inégalités et de la pauvreté. L’insatisfaction croissante envers son régime va culminer en 1972 avec le déclenchement d’une série de grèves et de manifestations, dirigées principalement par des étudiant⸱e⸱s et des travailleur⸱euse⸱s.  La corruption, la répression politique, et la soumission aux intérêts français sont en ligne de mire. En mai 1972, face à une pression insoutenable, Tsiranana est contraint de démissionner, laissant le pouvoir à l’armée.

Laurent Botokeky : Après l’indépendance en 1960, Botokeky a été intégré au gouvernement sous la présidence de Philibert Tsiranana et a occupé plusieurs postes ministériels, dont celui de ministre l’Éducation nationale. Il a travaillé à transformer l’éducation à Madagascar, notamment par : la malgachisation de l’éducation (avec l’introduction, aux côtés du français, de la langue malgache dans les écoles) ; le curriculum réformé (privilégiant l’histoire nationale, la géographie et les sciences locales dans les programmes scolaires alors révisés) ; l’amélioration de l’accès à l’éducation (notamment dans les zones rurales) ; la formation des enseignant⸱e⸱s.