Une série documentaire sonore en 6 épisodes
À la fin des années 70, dans un contexte de crise économique et de chômage, les expulsions de jeunes immigrés et les meurtres en banlieue, qu’ils soient commis par des flics ou des beaufs, se multiplient. Un réseau informel et fluctuant se constitue pour réagir collectivement en organisant une série de concerts Rock against police au beau milieu des cités. De 1980 à 1983, l’initiative fait tâche d’huile. Plusieurs concerts sont organisés en région parisienne : Paris, Vitry, Nanterre, Cergy, Argenteuil. L’idée est également reprise par d’autres groupes en France, notamment à Marseille, Saint Dizier, et Lyon avec les concerts organisés par Zâama d’banlieue.1
On imagine bien que conter l’aventure extraordinaire de Rock Against Police dans toute sa complexité et sa vigueur est un exercice délicat. Comment dire un « réseau informel et fluctuant » à plus de trois décennies de distance ? Comment nommer l’inédit, l’audace que fut à l’époque en France cette volonté « de brancher des gens qui vivent dans la même merde, qui partagent les mêmes besoins, les mêmes envies » ?
L’équipe composée de Phuong, Pierre et Sara a merveilleusement relevé le défi et l’histoire exceptionnelle a trouvé ses documentaristes. Il a du en falloir du discernement, de la douleur pour concentrer en 6 émissions aussi prenantes, aussi touchantes, des heures et des heures d’entretiens. Chaque épisode captive, happe, tel un voyage dans le temps. Les voix se répondent, rebondissent, nuancent, questionnent. La musique fait écho, ressuscite, rythme le passionnant récit historique. On ne peut que remercier, féliciter pour ce merveilleux et émouvant travail. Allons nous y nourrir! Pour apprendre, se souvenir, pour les combattantEs du passé et pour les combats à venir.
Aussi, un livre est à paraître…
C’est donc ici que vous pourrez retrouver tous les épisodes. C’est à écouter et à partager. Merci à celles et ceux qui ont participé à l’aventure Rock Against Police et à celles et ceux qui racontent et transmettent.
L’histoire de l’expérience Rock against police a ainsi été reconstruite à partir des témoignages de personnes y ayant directement pris part : qu’ils soient à l’époque organisateurs ou simples participants, lycéens, militants politiques, musiciens. Leurs souvenirs et analyses dialoguent avec trois types d’« archives » : des lectures des journaux-tracts diffusés lors des concerts ; des extraits sonores tirés de films ou d’émissions de radio réalisés par des proches du réseau Rock against police, ainsi que d’émissions de télé; des morceaux de musique, parfois issus des groupes ayant joué pendant les concerts, ou qui ont marqué cette période.
Au final, l’histoire proposée reste à la fois partielle et partiale. D’une part parce qu’elle est, à près de trente années de distance, passée au filtre des souvenirs et de la mémoire de ses protagonistes. Mais aussi parce qu’elle est liée à des choix de montage effectués en fonction de nos propres questionnements présents. Le récit reste donc ouvert, à l’image sans doute de toute expérience collective de lutte. Nous n’avons pas abordé l’expérience du réseau Rock against Police comme une lutte exemplaire ou un modèle à suivre, mais plutôt comme un gisement d’affirmations qui résonnent encore fortement aujourd’hui.2
Rock Against Police. Des lascars s’organisent.
Une série de 6 documentaires sonores
http://rapdocsonores.org/
- Extrait de la présentation du projet documentaire http://rapdocsonores.org/ [↩]
- Ibid. [↩]