Justice pour Babacar Gueye : 10e journée commémmorative le 6 décembre à Rennes

COMMÉMORATION

Justice pour Babacar Gueye : 10e journée commémmorative le 6 décembre à Rennes

"Dix ans de lutte pour la vérité et la justice", dix ans de mobilisation de la famille de Babacar Gueye, du collectif Justice et vérité pour Babacar et de leurs soutiens. Babacar Gueye a été tué de 5 balles dans la nuit du 2 au 3 décembre 2015 par la BAC, dans le quartier de Maurepas à Rennes. Il était en crise psychologique et avait cette nuit-là besoin d'aide, de soins ; la réponse a été policière et lui a arraché la vie. En juin 2025, Awa Gueye, soeur de Babacar, s'est pourvue en cassation suite à la confirmation par la cour d'appel de l'ordonnance de non-lieu initialement rendue en 2023, une ordonnance inique, laissant nombre de questions sans réponses, et que Awa Gueye avait bien sûr contestée en appel. À l'approche de la 10e journée commémorative pour son petit frère, Awa nous a confié quelques mots pour vous inviter à rejoindre et soutenir ce combat pour Babacar, pour toutes les victimes de la police et la prison, et contre les violences d’État.

Justice pour Babacar Gueye : 10e journée commémmorative le 6 décembre à Rennes

Par Cases Rebelles

Novembre 2025

CASES REBELLES : Peux-tu nous parler de cette 10e journée d'hommage à Babacar ?

AWA GUEYE : Le 6 décembre 2025 c'est la 10e commémoration pour Babacar, on fera une marche en partant du quartier Maurepas [ndlr : place Lucie et Raymond Aubrac], et on terminera par des échanges, discussions dans une salle.
Dix ans de lutte pour une personne qui se fait assassiner par la police, une personne qui a besoin d'aide, dix ans de lutte où c'est la famille qui porte le combat pour la vérité et la justice, je trouve que ce n'est pas normal. C'est pas juste que ça ait pris autant de temps, jusque là, sans procès des policiers qui ont assassiné. En dix ans, ils n'ont pas été capables de répondre aux questions de mes avocats, aux questions que j'ai posées par rapport aux morphoanalyses des gouttes de sang et le lieu où ils ont assassiné Babacar. C'est pas facile. Mais ce n'est une surprise pour moi, car il y a pas mal de familles qui se retrouvent avec un non-lieu ; ils [ndlr : la justice] ont l'habitude de faire ça et c'est pas normal.
Le combat avec les familles des victimes et les soutiens, c'est large. C'est vraiment large, je peux dire. C'est international, parce qu'on me soutient de loin, de près aussi. Ça n'est facile pour personne, mais les soutiens ne sont pas présents pour rien ; ils ont trouvé que ce qui a été fait à mon frère c'est pas normal.

C.R.: Le 25 octobre dernier tu étais à Londres pour assister à la marche annuelle de la coalition United Friends and Family Campaign, qui rassemble depuis 1997 des familles de personnes décédées de violences policières, carcérales et psychiatriques ; peux-tu nous en parler ?

A.G.: Chaque année il y a une commémoration, une marche internationale pour toutes les personnes tuées par la police au Royaume-Uni. À Londres, et y a pas mal de familles qui sont aussi dans les autres villes — c'est comme ici Paris, Rennes, Nantes, etc. C'était dur pour moi d'être encore devant des familles qui pleurent leurs proches. Et un grand nombre des familles qui sont là c'est des Noir·es. Ce sont des mamans, des sœurs. Il y a aussi des soutiens, associations, collectifs autour d'elleux. Je ne peux pas dire que ça fait plaisir parce que c'est pas une chose qu'on souhaite de se retrouver comme ça, mais quand ça arrive on n'a pas le choix, on est obligé·es d'être debout pour que ça arrête. Personne n'a mérité de mourir ; la police est sensée protéger nos frères, nos sœurs, nos fils, mais voilà... Malheureusement le racisme nous tue.

C.R.: Ces dix ans de lutte ont aussi demandé de tenir contre les pressions policières subies par les familles victimes de la violence d’État...

A.G.: Aucune mère ou sœur ne devrait avoir peur de réclamer la justice et la vérité quand ça arrive, mais malheureusement après la police met la pression sur les familles, sur les frères et sœurs qui sont encore là, et ça c'est pas normal. Faire une marche ou une commémoration c'est un droit quand tu es citoyen·ne dans n'importe quel pays.

C.R.: Peux-tu nous parler du soutien qu'il y a autour de toi et du collectif Justice et vérité pour Babacar ?

A.G.: Je suis une des membres du Réseau d'entraide Vérité et Justice, où il y a des familles de victimes, des personnes mutilées et blessées. On se réunit. S'il y a une famille qui fait une commémoration pour son proche, si tu es disponible tu y vas pour soutenir et donner de la force de se battre pour obtenir la vérité et la justice. Quand je me déplace, c'est pas facile ; c'est facile pour personne. On fait des t-shirts et des sweats pour vendre, ça c'est pour les frais d'avocats, les déplacements, y des cagnottes en ligne aussi des foi ; tout ça ça aide.
Y a des soutiens, et chacun·e sa manière de soutenir. Quand j'organise un événement, chaque soutien qui vient gère une tâche, j'ai pas une personne fixe qui gère le collectif ; comme je dis mon collectif est international, c'est la France aussi.

C.R.: Un dernier mot ?

A.G.: J'appelle tous les soutiens à venir nous rejoindre pour les 10 ans de combat et de commémoration pour Babacar. C'est important. Au début j'étais seule quand c'est arrivé, mais depuis je ne me sens pas seule parce que j'ai des soutiens partout, comme je dis.

Propos recueillis par Cases Rebelles le 2 novembre 2025.
Images : collectif Justice pour Babacar.

On remercie chaleureusement Awa Gueye, et le collectif Justice pour Babacar.

* * *

PROGRAMME de la 10e journée commémorative pour Babacar Gueye : 

11H _ conférence de presse
13H _ Hommage à Babacar et à toustes les victimes des violences et du racisme d’État : marche (départ place Lucie et Raymond Aubrac, Rennes), suivie d'un moment de rencontre et d'échanges autour de personnes invitées.

Infos/contact : Collectif Justice et vérité pour Babacar (sur instagram - sur facebook).

Soutenez aussi les cagnottes si vous le pouvez !

Le collectif Justice et vérité pour Babacar : c'est ici
Le Réseau d'entraide Vérité et Justice : c'est ici.