Introduction
Ce dossier s’inscrit dans la continuité de notre série sur l’inceste.1 Dans le premier volet, nous nous interrogions sur la possibilité de trouver, créer des espaces où pouvoir simplement dire, énoncer l’inceste, des espaces qui puissent accueillir cette parole d’afrodescendant.e.s sur les violences sexuelles intrafamiliales. Longtemps, les œuvres de fiction, plus que les articles et livres de sciences sociales, nous ont semblé être ce lieu privilégié où la parole, des récits complexes sur l’inceste pouvaient se déployer car, dans la littérature afro-américaine, les références à ce sujet dit « tabou » s’avèrent étonnamment nombreuses. Quelles en sont les raisons ? Quelles sont les représentations de l’inceste ? À quoi sert ce motif dans ces différentes œuvres ? Quels stéréotypes charrie-t-il ? Quelle compréhension sociale, historique du phénomène ces œuvres proposent-t-elles? Comment éclairent-elles la généalogie de ces violences sexuelles et leurs effets dans des sociétés post-esclavagistes ? Et quelles voies de libération, de guérison suggèrent-elles ?
À travers quelques exemples d’œuvres qui nous ont marquées, aidées, interpellées, nous allons tenter de donner une réponse partielle à ces questions tout en montrant également comment ces œuvres dialoguent entre elles. Nous nous proposons d’analyser quatre romans : Homme invisible, pour qui chantes-tu? (Invisible Man) de Ralph Ellison, L’oeil le plus bleu (The Bluest Eye) de Toni Morrison, Corregidora de Gayl Jones et Harlem Quartet (Just Above My Head) de James Baldwin. Ces quatre romans (le premier publié en 1952, les trois autres dans les années 1970) constituent une réponse au motif de l’inceste tel qu’on le trouvait dans la littérature noire jusqu’alors. Ces œuvres s’appliquent à éviter les écueils des écrits des générations précédentes, à montrer ce que l’inceste fait à la chair, aux corps. L’inceste y est incarné, pas seulement poétisé ou invoqué de manière symbolique. Et il s’agit également de donner une vision plus complexe d’une forme de domination, ancrée dans la domination raciale, rarement analysée comme telle car trop souvent abordée sous le prisme anthropologique du « tabou ».
Nous commençons ce dossier avec un texte sur le roman Homme invisible, pour qui chantes-tu? de Ralph Ellison en nous attardant plus particulièrement sur le deuxième chapitre.
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Homme invisible, pour qui chantes-tu? de Ralph Ellison (1952)
Les violences sexuelles ont été constitutives des sociétés esclavagistes, elles y étaient institutionnalisées, de l’exploitation des femmes et des hommes noir.e.s à travers les viols répétés à la pratique dans certaines régions de la reproduction sous la contrainte. Les corps des femmes noires étaient considérés comme des instruments de reproduction et leur ventre était le « lieu » d’une maximisation des profits. L’inceste est de fait évoqué entre les maîtres blancs et les esclaves noires violées par celui qui avait déjà violé leur mère.2 D’ailleurs l’un des arguments abolitionnistes consistait à invoquer la décadence et la turpitude engendrées par un système immoral et on retrouvait cet argument dans de nombreux récits d’esclaves ; l’esclavage était ainsi condamné d’un point de vue des mœurs et du péché.
Ces violences endémiques, ainsi que les stéréotypes racistes hérités de l’esclavage planent sur une scène qui se déroule au début du roman d’Ellison lors d’une odyssée cauchemardesque du narrateur, l’homme invisible du titre. Pendant ses études, il se voit chargé d’être le chauffeur de Norton, riche donateur de l’université venu tout spécialement de Boston à l’occasion des festivités du Jour des Fondateurs. Il finit par s’aventurer hors des limites du campus et de la ville. Cette traversée se mue en voyage dans le temps au cours duquel le passager Norton remarque par la fenêtre des baraquements et des cabanes en bois, vestiges du temps de l’esclavage. Une en particulier attire son attention.
C’était la cabane de Jim Trueblood, un métayer qui avait déshonoré la communauté noire. Quelques mois plus tôt, il avait causé un joli petit scandale à l’école, et depuis, on ne prononçait plus son nom que dans un murmure. Avant l’affaire, il s’était rarement approché du campus, mais on avait apprécié en lui le grand travailleur qui s’occupait bien de sa famille, et le conteur de vieilles histoires, car il excellait à leur donner vie par son sens de l’humour et sa magie verbale.
C’était aussi un bon ténor : parfois, lorsque des hôtes de marque blancs visitaient l’école, on le faisait venir en même temps que les membres d’un quatuor de campagne, pour chanter ce que les officiels appelaient « leurs spirituals primitifs », à l’heure du rassemblement dans la chapelle, le dimanche soir. Ces chants aux mélodies sensuelles nous plongeaient dans la gêne, mais du moment qu’ils impressionnaient fort les visiteurs, nous n’osions pas rire des sons frustes, aigus, animaux et plaintifs dont nous gratifiait Jim Trueblood à la tête du quatuor.3
Le narrateur, rongé par la honte, avoue à contrecœur la nature de ce qui a valu l’opprobre de la communauté noire au métayer : Jim Trueblood a violé sa fille, Matty Lou et elle attend désormais un enfant de lui. À sa grande surprise, le philanthrope Norton lui demande de s’arrêter, désireux que l’incesteur lui raconte en détails l’histoire sordide. Le père justifie et minore la gravité de son geste en expliquant que le viol a commencé alors qu’il se croyait dans un rêve.
Il est intéressant de s’attarder sur la construction du récit de Trueblood : père industrieux , il ne parvient pas, malgré ses efforts, à trouver du travail et ne peut subvenir aux besoins de famille. La pauvreté de la famille conduit à une forte promiscuité entre le père, la mère et la fille, qui en absence de charbon pour se chauffer, dorment ensemble sur la même couche. « C’est comme ça que ça a commencé, m’sieur, » explique Trueblood. L’inceste serait le produit de l’incapacité matérielle du père noir à occuper sa place de chef de famille. La mauvaise foi évidente de Trueblood vise à saboter ces lieux communs : celui de la violence des hommes noirs comme produit de leur impossibilité à prendre leur place légitime dans le schéma patriarcal, et celui qui prétend que l’inceste est lié à la pauvreté et ne se trouve que dans les classes sociales les plus défavorisées.
À l’écouter, sa fille, Matty Lou, serait provocante, séductrice, tentatrice même dans son sommeil – voire l’instigatrice de sa propre agression : n’est-ce pas elle qui, endormie, soupire « Papa »4 puis « dit une chose que j’comprends pas, comme quand une femme veut taquiner et exciter un homme »5 ? Alors qu’il est assailli de questions sur le potentiel amant de cette dernière (révélant le besoin de contrôle du père sur la sexualité et le corps de sa fille), ces paroles viennent selon lui confirmer ses suspicions. De victime, elle deviendrait presque l’accusée dans une grossière interprétation d’un désir œdipien qu’elle nourrirait à l’égard de son père.
Dans le rêve qu’il incrimine, Trueblood se retrouve dans une « grande chambre blanche, comme celle que j’avais vue une fois, quand j’étais petit et que j’allais à la grande maison avec ma mama ».6 Alors qu’il tente désespérément de s’échapper de cette chambre sans porte, une femme blanche tout de blanc vêtue apparaît dans la pièce, se rapproche de lui et l’agrippe. Plus Trueblood essaye de se défaire de l’étreinte de la femme, plus leur lutte le mène, potentiellement et fatalement à la fois, à l’acte sexuel transgressif avec une femme blanche mais aussi à l’accusation de viol.
Je me réveille avec l’intention de raconter à la vieille ce rêve cinglé . C’est le matin, il fait presque jour. Et j’me retrouve en train de dévisager Matty Lou, tandis qu’elle me bat, me griffe, me tremble, grelotte et pleure tout en même temps, comme si elle avait une crise. Je suis trop surpris pour bouger. Elle pleure : « Papa, papa, oh, papa. Comme ça ; »
Et tout d’un coup, je pense à la vieille. Elle est tout à côté de nous, en train de ronfler, et je peux pas bouger, parce que je calcule que si je bougeais ce serait un péché. Et j’me pense aussi que je bouge pas, c’est peut-être pas un péché, vu que c’est arrivé quand je dormais – mais peut-être des fois un homme peut regarder une petite fille avec des nattes et se la voir en putain, vous savez bien, quoi? (…) Et j’étais là, essayant de toutes mes forces de me sortir de là, mais allez donc bouger sans bouger… J’étais entré en volant , mais fallait que je sorte en marchant. Fallait que je bouge sans bouger.7
L’inceste se produit d’abord sur un plan onirique où substitution, déplacement, transfert régissent tous les actes et réactions. Le tabou de la relation interraciale surdétermine – et en filigrane l’angoisse de la fausse accusation de viol – tout le rêve. Matty Lou, la victime, est dépourvue de toute intériorité et occultée ; d’ailleurs, durant tout le chapitre, elle demeurera silencieuse. Ensuite, Ellison joue sur le registre de la satire en saturant les paroles de Trueblood d’expressions polysémiques, scabreuses qui évoquent à la fois la pénétration de sa fille et la situation dans laquelle il se trouve.
Malgré l’horreur qu’il constitue, le traitement de l’inceste dans le récit est menacé par des tentatives de diversion, d’euphémisation au sein de la communauté noire tout comme il relève aussi du divertissement et de la spectacularisation pour les blanc.hes.
Je suis allé à la prison, j’ai donné le billet au shérif Barbour et lui m’a demandé d’lui raconter, j’lui ai dit, il a appelé d’autres types et y m’ont fait raconter encore. Z’en avaient jamais assez, de l’histoire de ma fille et y m’ont donné à boire, à manger et du tabac. Moi, j’étais étonné, j’mattendais pas à ça, j’avais peur. Ça, y a pas un homme de couleur dans la région qui leur a jamais pris tant de temps que moi, aux Blancs, j’vous jure. Enfin, finalement, y m’ont dit de pas m’en faire, qu’ils allaient envoyer un mot à l’école comme quoi j’devais rester sur ma terre. Les gros nègres, y m’ont laissé tranquille aussi. C’est pour dire qu’le nègre, il peut devenir aussi important qu’il veut, les Blancs pourront toujours lui marcher d’ssus. Dans c’te affaire, les Blancs m’ont soutenu. Et les Blancs se sont mis à venir ici nous voir et nous parler. Y en avait des gros, ça oui, qui venaient de la grosse école de l’autre bout de l’état. Ils m’ont demandé plein de choses sur ce que je pensais des choses, sur ma famille et les gosses, et ils ont tout écrit su’ un livre. Mais le mieux de tout, m’sieur, c’est que j’ai plus de travail maintenant que jamais avant…8
L’ubiquité du regard blanc est frappante : Norton est fasciné, « ses yeux bleus étincelants rivés au visage noir avec un mélange d’envie et d’indignation » à l’image des villageois.es blanc.hes et leur délectation voyeuriste pour l’acte abjecte commis par Trueblood et l’ignoble prétendu quiproquo par lequel cela arrive. En creux, on lit une dénonciation de la mascarade de la « justice » blanche qui d’une part lynche des innocents noirs pour de fausses accusations de viol contre des femmes blanches, et considère d’autre part que l’inceste par un père noir n’est pas un crime mais la confirmation de l’infériorité naturelle des noir.es.
Certains critiques avec lesquels nous sommes en désaccord absolu lisent dans ce passage un exemple de l’ingéniosité de Trueblood : c’est la revanche du métayer noir unanimement considéré comme « ignare » et « arriéré » sur des noir.es bouffi.es de haine de soi et les blanc.hes projetant les stéréotypes les plus obscènes sur lui. En exploitant les préjugés racistes et les clichés sur la famille noire, il réussit à obtenir un gain financier considérable qui lui permet de subvenir aux besoins de sa famille. L’inceste serait même selon eux une invention complète du métayer… Même si Trueblood dévoile les propres désirs incestueux de Norton pour sa fille, et que nombre d’indices montrent que le métayer est moins naïf et plus calculateur que ne le soupçonne le narrateur, il nous parait complètement incongru de faire comme si l’inceste n’avait ici aucune réalité : que faire de la grossesse de Matty Lou ? Du dégoût et la honte du narrateur ?
Ces critiques – émanant d’hommes noirs surtout, il faut le préciser – louent son sens du commerce, sa ruse, sa faconde (voire son sens du récit et du comique) comme une forme de résistance victorieuse, un formidable et ultime pied de nez à la suprématie blanche. Ce faisant, ils poussent à l’extrême la question du regard blanc et s’autorisent une forme particulièrement dangereuse de déni politique : toute réalité sociale qui corrobore les préjugés blancs, d’autant plus si elle attaque l’homme noir, est décrédibilisée parce qu’elle arrange la suprématie blanche. Le talent d’Ellison, c’est que ces lectures, proposées par des critiques noirs masculins universitaires bourgeois, reviennent en écho incarner à merveille ce à quoi il s’attaque dans le roman : ce qui apparaît le plus effroyable pour le narrateur, c’est l’énonciation même de l’inceste dans la mesure où elle vient conforter les pires stéréotypes sur la déviance sexuelle des noir.e.s., la destructuration de leurs familles et leur sous-humanité.
C’est la réputation de la communauté noire de la ville pas la victime Matty Lou qui importe : c’est de la honte de l’exposition de l’inceste qu’il faut protéger toute la race, pas de sa réalité. Le déni du narrateur et du père incesteur se font écho malgré la distance sociale qu’instaure ce jeune étudiant d’une institution qui rappelle l’université Tuskegee, où règnent l’idéologie de l’élévation de la race et la respectabilité bourgeoise. Ellison montre comment ces obsessions cosmétiques et individualistes pour la respectabilité, l’élévation sociale et l’honneur de la race constituent un obstacle à la prise en compte des réels problèmes que rencontre la communauté : l’obsession pour le regard blanc – la double conscience – ne permet pas l’émancipation collective et brouille constamment et radicalement le sens des priorités humaines.
De fait, la justice proposée par la communauté se résume à un éloignement forcé de toute la famille Trueblood, terrible injustice pour la mère et la fille, ou pire, à agiter le spectre de la meute de lyncheurs blancs. Ellison, avec cette dernière proposition, montre le grotesque poussé ici à son paroxysme : la communauté, soucieuse de préserver les apparences à tout prix, a la croyance illusoire non seulement que les blancs racistes sont capables de produire de la violence au profit de la communauté noire, violence dont les noir.es pourraient contrôler le déchaînement et restreindre à un unique destinataire.
En revanche, Ellison met en scène, à travers Kate, la mère, le combat désespéré pour une forme de justice et de réparation. Elle tente de tuer Trueblood, le blesse avec une hache ; plus tard, avec l’aide d’amies, elle tente en vain de l’empêcher de revenir dans leur foyer.
J’peux pas vous laisser, que j’dis. J’suis un homme et un homme abandonne pas sa famille.9
Virilisme et moralisme masculiniste permettent ici à Trueblood de rejeter justice et réparations en invoquant un sens des responsabilités complètement déplacé, qui a bien plus à voir avec un sens de la propriété, hérité directement de l’esclavage. Quand Kate, également enceinte, menace d’aller voir une sage-femme pour avorter et de faire avorter leur fille, Trueblood s’indigne : « Voyez-vous, tante Cloe, c’est une sage-femme (…) y a une chose que je sais pour sûr : je veux pas qu’elle tripatouille mes femmes. Ça aurait empilé un nouveau péché sur l’autre péché »10.
Sur fond de politique de respectabilité et d’affirmation d’une masculinité noire hypernormée et oppressive, l’inceste et ainsi toutes les violences contre les femmes noires sont déréalisés. L’agression se mue en drame psychanalytique qui se joue exclusivement entre les hommes noirs « Tout arrivait à l’intérieur de moi, comme si une bataille s’y déroulait » raconte Trueblood au narrateur et M. Norton. Ellison critique ces mécanismes de déplacement voire de retournement de la violence où les agresseurs deviennent victimes. Ce traitement de la question des violences contre les femmes noires et la manière dont elles sont minorées puis ignorées rappelle d’autres œuvres telles que La croisade de Lee Gordon de Chester Himes ou encore Un enfant du pays de Richard Wright.11 Ainsi les femmes noires victimes sont privées de toute possibilité de justice et de reconnaissance. L’objet central, crucial, devient l’homme noir et ce que le système lui fait : comment il l’empêche d’être un « vrai » homme. L’ambiguïté du désir sexuel pour une femme blanche – interdit raciste – ou la terreur de la fausse accusation de viol éclipsent opportunément chez les personnages masculins d’Ellison la violence réelle qu’a subi Matty Lou et ce qu’elle devra subir en portant l’enfant de son père et en vivant sous le même toit que son agresseur.Et cette dynamique bien entendu plait énormément aux blanc.hes, qu’il s’agisse des plus ouvertement racistes ou du blanc philanthrope, puisqu’elle garantit une continuité auto-destructrice dans les communautés noires et le maintien d’une culture de l’impunité qui profite largement à la suprématie blanche.
Ellison a choisi de montrer l’inceste, de ne pas le taire, tout en exposant les dynamiques de déni, d’absence de justice, de justification mais aussi de spectacularisation et de pathologisation. Malheureusement, il n’est pas parvenu à donner la parole au personnage de Matty Lou, l’incestée, et la voix de la dénonciation reste donc aussi exclusivement masculine.
Il faudra attendre les années 70 pour que la représentation de l’inceste soit renouvelée d’une manière magistrale sous la plume de romancières noires, dont Toni Morrison, qui, Invisible Man en tête, écrira L’oeil le plus bleu .
Cases Rebelles (octobre 2019)
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À lire dans ce dossier également :
Politiser les analyses sur l’inceste à travers quatre romans afro-américains (2/4) : L’Oeil le plus bleu, de Toni Morrison
Politiser les analyses sur l’inceste à travers quatre romans afro-américains (3/4) : Corregidora, de Gayle Jones
Politiser les analyses sur l’inceste à travers quatre romans afro-américains (4/4) : Harlem Quartet, de James Baldwin
- Notre objet dans nos interrogations sur l’inceste ce sont les violences sexuelles dont sont victimes les enfants au sein de leur famille par des ascendants. Nous ne nous intéressons absolument pas ici aux relations incestueuses entre adultes consentant.es. [↩]
- cf. le premier chapitre de l’ouvrage Monstrous Intimacies : making post-slavery subjects de Christina Sharpe, Gayl Jones’s Corregidora and Reading the « Days That Were Pages of Hysteria ». Nous aurons l’occasion de revenir plus longuement sur cet aspect qui est au cœur du roman de Gayl Jones. Des extraits de récits et de témoignages d’anciens esclaves sur les violences sexuelles durant l’esclavage aux États-Unis sont regroupés dans le document suivant: « On the Masters’ Sexual Abuse of Slaves: Selections from 19th- & 20th-c. Slave Narratives » [↩]
- (p.78-79) Toutes les citations sont tirées de Homme Invisible, pour qui chantes-tu ?, 1969, Éditions Bernard Grasset. [↩]
- En anglais « Daddy » signifie papa mais est également un surnom affectueux dans un contexte sexuel. [↩]
- p.88 [↩]
- p 89 [↩]
- p.91 [↩]
- p.84-85 [↩]
- p.98 [↩]
- p.98. L’italique est de nous. [↩]
- Selon Ashraf Rushdy, le viol est dans ce roman un « crime désincarné ». Bigger, le personnage de Wright, édicte « une philosophie du viol qui serait une réponse métaphysique et existentielle au monde » avant de violer et tuer Bessie, sa compagne. Voir Neo-slave Narratives: Studies in the Social Logic of a Literary Form, 1999, p.250, note 36. Le viol et toutes les formes de violences sont envisagés comme une arme (psychique) de légitime défense par l’homme noir contre les agressions permanentes de la suprématie blanche. Et ce type de discours abominable n’est pas sans rappeler les théorisations ultérieures qu’Elridge Cleaver, militant du Black Panther Party, proposera au sujet des nombreux viols qu’il a commis. [↩]